"Ici, je passe pour un berbère parce qu'on ne me comprend pas" disait le poète Ovide. Et c'est parce que qu'on ne comprenait pas les Amazigh. Les anciens habitants du Maghreb qu'on les appelés ainsi que leur langue. Barbare, le mot a évolué phonétiquement et a donné Berbère en français. Berber en anglais. Berberische en allemand. Berebere en espagnol… seul l’arabe a gardé le même mot pour désigner le barbare et le berbère : al barbar, la barbarie et la langue berbère : al barbariyya.

Rappelons que les anciens Grecs appelaient barbaroi tous ceux qui ne parlaient pas leur langue. Ce sens se retrouve dans le latin barbarus, puis le mot a pris, avec les conquêtes impériales, le sens restreint de « réfractaire à la civilisation gréco-romaine ». On opposait ainsi les Romains aux barbares et les langues grecque et latin aux langues barbares, qu’il s’agisse du berbère proprement dit ou d’autres langues, d’Orient et d’Occident.

A la chute de l’empire romain, le mot a survécu en Europe, avec le sens « réfractaire à la religion chrétienne ». Les arabes, en conquérant le Maghreb, ont emprunté le mot latin, en restreignant son usage aux Berbères. C’est d’ailleurs à partir de l’arabe barbar et non directement du latin barbarus qu’on a formé, en Italie, au 13em siècle, le mot barbaria (devenu en français barbarie) pour désigner le Maghreb, et Barbaeschi (en français barbareque) pour désigner les habitants.

Les premières formes du mot berbère commencent à apparaitre du 16em siècle. Brebers dans les documents anglais de l’époque. Brebbes en français… dans cette langue l’orthographe berbère se fixe dans la deuxième moitié du 18em siècle. Alors que les mots barbare et barbaresque des siècles classiques avaient, avant tout un sens ethnique, désignant indifféremment les arabophones et les berbérophone, berbère a, dès le départ, le sens restreint de berbérophone et de langue berbère.

Les berbérophones, s’ils emploient le mot berbère, pour se désigner et désigner leur langue, des termes qui leur sont propres : Amazigh pluriel Imazighen et Tamazight. Ces mots sont même entrés dans l’usage du français au Maghreb, avec des néologismes d’accompagnement : amazighophone et amazighophonie, amazighité et même amazightude pour parler de la culture amazighe. Si berbère est porteur de stigmate, amazigh, lui réhabilite à la fois les berbère et leur langue. Le mot que l’on reconnait dans les dénominations de tribus de l’antiquité (Mazaces, Maxitanni…) est donné par généalogistes musulmans du Moyen âge, comme le nom de l’ancêtre des berbères : Mazigh. L’étymologie admise du mot « homme libre, homme noble » a le mérite de rompre avec l’image du barbare, homme sauvage à la langue inintelligible. Il est heureux que le mot amazigh se soit imposé aujourd’hui, dans les textes officiels algériens et marocains, en lieu et place de barbar, jugé, à juste titre, infamant.

Extrait du livre de Mohand Akli Haddadou « Défense et illustration de la langue berbère » - pp7-8-9. Alger 2002.

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Berbère ou Amazigh

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