Révolution moderne ou réformisme démodé

Par : HOCINE Ali

Après une décennie tragique pendant laquelle notre peuple a subi un déferlement sans précédent de barbarie qu’il a su repousser avec courage et deux décennies de despotisme autoritaire et de répression exercée par un système à la légitimité autoproclamée, les algériens sont de nouveau au rendez-vous de l’histoire.

Le mouvement citoyen qui se déploie depuis le 22 Février est inédit.

Il se distingue par sa dimension nationale, la qualité et la radicalité de ses revendications et son caractère pacifique sans précédent.

La détermination du mouvement se heurte à la résistance du système qui espère dépasser la crise en appliquant des réformes que Bouteflika avait promis avant de démissionner !

Les appels récurrents au dialogue, à la raison et au compromis procèdent de cette démarche réformiste.

Le mouvement citoyen ne l’entend pas de cette oreille ; il est dans l’esprit révolutionnaire de Novembre, il se revendique de ses héros et pose l’exigence du changement radical.

Il se méfie du système et de ses approches juridiques, qui consistent à jeter en pâture des hommes du système comme des excroissances qu’il suffit de couper pour qu’ils soient acceptables.

Le mouvement citoyen campe sur ses positions et rejette les solutions de rafistolage, il maintient son caractère pacifique exceptionnel et fait preuve d’une grande patience.

Mais la patience a des limites dans cette confrontation antagonique. Pour éviter le pire, la sagesse voudrait que le pouvoir soit remis au peuple; en d’autres termes, il s’agit de construire un état républicain démocratique moderne, le seul capable de réconcilier l’ensemble des algériens dans toutes leurs diversités.

Certes, les protagonistes de l’affrontement pacifique seront appelés à se retrouver autour d’une table.

Or, s’il s’agit vraisemblablement d’une révolution, ce n’est pas pour chercher un compromis, mais pour signer la reddition du système et pour s’entendre sur les modalités de son départ.

Les tenants du système rusent, louvoient et tentent de ralentir l’issue de la crise en prétendant éviter au pays l’instabilité et le préserver des dangers qui le menacent.

Les Algériens rejettent ce paternalisme méprisant et veulent prendre leur destin et celui de leur pays en main.

« Quand l’oiseau noble est attrapé, il ne se débat pas ! » cette qualité qu’est la noblesse ne semble pas être celle des tenants du système.

Abuser de la patience des citoyens et prendre la noblesse de son comportement pour de la faiblesse peut entrainer des dérapages dangereux aux conséquences incalculables.

Le peuple a pris ses responsabilités et les assume ; Il reste à l’ANP de confirmer, avec plus de clarté, sa volonté de l’accompagner entant que mouvement révolutionnaires et aux autres protagonistes de tous bords de le suivre.

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